MON IMAGE PICTURALE
Certains l'appellent biographie,
je préfère la nommer image picturale.
La mienne commence sur les bancs de l'école primaire et s'affirme dans le secondaire où malgré mes efforts au travail du trait et du dessin, je suis mal noté.
Mais déjà en moi est né ce particularisme de ne pas faire comme les autres mais de créer selon mes idées et mon ressenti. Cela passe mal mais je persiste.....
Autodidacte, c'est par l'observation , l'écoute , le regard porté sur les autres , les choses , la nature que se forge mon plaisir de dessiner, dessiner , toujours dessiner , le jour , la nuit , à mes heures de rêverie. En observant une fleur , je deviens fleur , un arbre je deviens arbre puis forêt , montagne et je dessine la fleur , l'arbre, la forêt , la montagne.
Je dois pénétrer ma création pour la réaliser.
en 1975,c'est la rencontre d'un peintre poète aujourd'hui disparu, qui par quelques phrases m'encourgeant , me propulse du trait au crayon à la couleur des huiles....
Les nombreuses années passées aux Antilles permettent de m'épanouir pleinement dans mon art .Ces îles marquent d'une façon indélébile mon âme et mon coeur.
A leur découverte, j'ai le flash de ma vie : C'est en 1972.
Cette une explosion de couleurs et de lumières sont une révélation.
Je peins beaucoup , la nature d'abord , puis les êtres qui l'anime en allant à leur rencontre , en apprenant à les connaître , à les aimer .
J' ai pour eux une passion indéfinissable. Je suis blanc , je suis noir , je suis nègre, indien , amérindien , africain , polynésien ; je suis de toutes les couleurs et je peins toutes les couleurs.
Je crayonne , je trace , je colore ce que mon coeur me dit , libre , indépendant , sauvage , rebelle à tout conformisme....
Je réalise ma première exposition en 1979 à Basse -Terre en Guadeloupe sollicité par l'écrivain Laurent Farrugia responable culturel.
C'est à Deshaies où je réside alors que je me suis lié d' amitié avec Michel Colucci "COLUCHE".
Il aime mes couleurs, apprécie mon travail pictural et par-dessus tout mes essais sur les paysages de ce petit village , son port et sa magnifique baie qu’il affectionnait particulièrement. Je réalise pour lui une petite huile de cette baie vue depuis sa case en bois dans « les rocailles » dominantle village.
Un lien s'est tissé entre nous et je n'oublierai jamais une conversation, tous deux seuls , marchant côte à côte dans un étroit chemin verdoyant de sa propriété, ancienne pépinière du « Père Blandin» , ce devait être au printemps 1980.
Je n’oublierai jamais notre dernier repas pris en commun . C’est une fin d’après-midi de mars 1981 , et comme c’est toujours le cas sous les tropiques, le soleil descend déjà vite et nous sommes devant une assiette de nouille à la tomate, plat qu’il affectionnait. Nous sommes ainsi installés les pieds dans le sable, à la terrasse d’un « ti lolo » entre les bateaux de pêcheurs dans le port de Deshaies. Nous avons longtemps conversé, peu de politique, puis nous nous sommes séparés dans la chaleur de la nuit noire, humide ,chaude et parfumée qui nous envahit, le cœur bercé par le reflux des vagues léchant le sable gris .
Par la suite je ne le revois qu’une fois , chez lui, « aux rocailles » en juin 1981 . Le destin a fait la suite, il me manque.
De retour en métropole en 1983, je m'installe dans la Provence la plus belle, celle d'en haut , la sauvage et généreuse à la fois , celle qui se cache et s' offre à qui sait la voir , l'écouter , la sentir, derrière le Ventoux dans les lavandes, c'est là que m'est apparue une nouvelle lumière ...
Une rencontre marquante change mon regard sur le travail de la peinture:
Celle d'un "peintre à cheval", DRAGIC Dragan et Attila sa jument , un personnage charismatique , généreux, chaleureux , infatigable qui un jour a posé son sac et attaché son cheval dans la vallée du Toulourenc pour ne plus en repartir et peindre des milliers de tableaux sur les grands espaces méditerranéens.
A Carpentras,Danièle Arnaud, professeur m' a plongé dans d'histoire de l'Art et confirmera ma passion pour GAUGUIN.
Comme le nombre de perles noires sur un collier,je fais divers aller - retour vers les Antilles avant m'installer en Martinique en 1987:
Martinique où cent ans plus tôt en juin 1887, Paul Gauguin et son compagnon Charles Laval débarquent à Saint Pierre épuisé de leur séjour à Panama. Ils s’installent quelques mois sur les hauteurs de l’ Anse Latouche sur la route du Carbet. Paul réalisera une vingtaine de toiles et dessins dans lesquels va apparaître un style nouveau. Il regarde, observe les êtres, les paysages, en aime l’originalité et la grâce naturelle. Ce court séjour de l’artiste va bouleverser sa technique, créant une « réaction brutale », voir les prémices d’une rupture avec le mouvement impressionniste et déjà laisser découvrir sa personnalité tel que le trait autour des formes, contraires aux idées impressionnistes.
Voyageant dans les îles voisines , St Lucie, la Dominique, Haiti, St Domingue , je m'imprégne des couleurs nouvelles, n’abandonnant jamais le crayon , le trait, toujours le trait, les contrastes, l’ombre et la lumière.
Des rencontres avec des peintres Martiniquais, Brésiliens, Haitiens, de St Domingue, un travail sur l’œuvre de Jules Marillac ont enrichi mon parcours et ma passion pour les iles antillaises.
Je fais la connaissance d'écrivains tels Raphael Confiant, Tony Delcham , Xavier Orville.
En 1990, j’ expose dans plusieurs communes, au salon de l’hôtel du Conseil Général à Fort de France, à l' Espace Culturel de Saint Pierre , en 1992 au Centre culturel ville du Lamentin et en 1993 au :Salon des Peintres de l’Outre-mer à Paris .
Je séjourne en Côte d’Ivoire , en Polynésie sur les traces de Paul Gauguin et de Victor Ségualen … à Mataia où je dormais chez l’habitant, tout comme à Moréa, Huaine, Raitéa Tahaa, et Hiva Hoa aux Marquises.
Pour mieux peindre les Iles, les Antilles, ses paysages et sa population, parallèlement je réalise un travail sur le patrimoine culturel. Sur la « Kaz Antiye, Jan moun ka rete ».
Partout dans les Caraïbes , ,je vis en symbiose avec les habitants, chez ceux du quartier « Fond Gens Libres » au Lorrain , tout comme non loin de la, ceux du quartier « Macédoine » où est né l’écrivain Raphael Confiant.
Etranger à l'île, je suis admis à l’intérieur des ti cases , je parle le créole et on me répond en créole, c' est un témoignage d'amitié et de confiance qui m'a été accordé dès les années 1970 et ce jusqu’à nos jours...
La case, c’est le passé, le présent, l’avenir .La dessiner , la peindre , c’est la pénétrer, la vivre, l’entendre, la respirer. C’est aimer les gens qui l' habitent, aimer leurs ancêtres, leurs enfants etpetits – enfants « man conet tout moun, tout ti moun en pay là » .
Lé on étrangé rantré andidan planché a on kaz gwadloup, lé i palé kréyol pou yo réponn li an kréyol, anni konsidéré i pa étranjé anko. Sa vlé di i rantré an santiman a Gwadloupéyen la an fon a kè a’y, an mitan fos a’y,an mitan tout féblès a’y.
« être admis à l’intérieur de la case, parler créole et s’entendre répondre en créole lorsque l’on est étranger, voilà qui témoigne de la confiance accordée. Ainsi pénétre-t’on au cœur de sa force et de sa faiblesse. La case et le créole, c’est le passé, le présent, l’avenir. Dans le vécu de l’individu, ils ne sont pas relegués au rang de vestiges folkloriques. Un songe ou le couple cases-créole disparaîtrait serait un songe où la Guadeloupe, les Antilles toutes entières se déroberaient, où les Antilles s’effaceraient en tant qu’entité. » (Juliette Sainton)
Tous ces êtres, tous ces lieux , un ami Ecrivain Martiniquais Joseph ZOBEL , malheureusement décédé depuis peu les a si bien décrit dans ses ouvrages:
Je ne puis peindre un visage, un paysage, une case, un objet sans les aimer, sans les connaître. Ainsi seulement le sujet prend naissance avec mes traits, mes formes dessinées, mes couleurs choisies, posées . Ce ne sont pas mes doigts, mes mains qui dessinent colorient, peignent c’est simplement ma chair, mon être tout entier qui est envahi, tel un envoûtement, tel un être quimboisé , prenant la force dans la terre, cette terre de nos ancêtres, Européens, Africains , Américains, Latinos….
Dans mes recherches je pénètre un univers , un monde qui m’est propre, unique, sacré, secret, fusion du corps, de la terre et de l’œuvre en création.
Jaime dessiner mes amis antillais, peindre leur vie ,leurs secrets, leurs souffrances,leurs bonheurs.
Leur histoire m'a bouleversé ...Depuis , je n'ai de cesse de m'informer et de déterrer ce passé enfoui aux injustices criantes pour entreprendre une travail de mémoire.
1995 Nouveau retour en France , j'expose à Chalon sur Saône.
1998 , année de la célébration du Cent cinquantenaire de l’abolition de l’esclavage , au dela de ma trentaine d’années de gribouillages, crayonnages, coloriages..., je présente à Sennecey le Grand, avec quelques peintures et aquarelles s'y rapportant, ma première exposition thématique sur la mémoire ,sur le silence, sur l’amnésie administrative et politique de la traite négrière.J'interviens aussi auprès des jeunes en milieu scolaire et associatif.
Nous sommes en 1999, séjournant chez des amis dans le Lauragais Toulousain , j'ai deux coups de foudre :le premier pour une Toulousaine, devenue ma compagne depuis et le second pour les COULEURS du LAURAGAIS dans lesquelles je puise une nouvelle inspiration.
Après quelques expositions collectives, au Salon du Printemps à Villefranche de Lauragais, au salon des Arts au Palais de Justice àToulouse..... je présente en octobre 2006 au Centre Culturel de Lespinasse une nouvelle exposition sur la "traite négrière attlantique et l'esclavage du XVI° au XIX° siècle" en présence de personnalités et de personnalités tels Hugues LIBOREL- POCHOT et Louis SALA-MOLENS.
Cette présentation est le fruit d'un long travail de nombreuses fouilles parmi les écrits d'auteurs européens , africains , antillais, de recherches dans foires de vieux papiers, dans les archives départementales aux antilles et en métropole. L'exposition est riche de documents authentiques ecrits ,dessins , photos et gravures.
Initialement, j'avais projeté l'exposition de 2006 dans le département du Gard , lieu de résidence de Joseph ZOBEL et ce en son honneur. Hélas cette manifestation n'a pas eu lieu parce qu'il nous a qitté le 17 juin2006 à l'hôpital d 'Ales(30).
Je célèbre cette année le 10ième anniversaire de mon exposition.
En mai2008, elle sera présente dans deux espaces de la ville de TOULOUSE.
Un hommage sera rendu à Aimé CESAIRE et à Joseph ZOBEL.
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